On ne pourrait pas ajouter durable, et aussi inclusif dans notre raison d’être ?
La formule qu’on a trouvée est pas mal mais … est-ce que ça nous démarque suffisamment ?
Comme je le dis à chaque fois que j’accompagne un client, quand on travaille sa raison d’être, il ne faut pas viser l’effet wow, surtout pas. On ne cherche ni à être original ni à se conformer aux supposés canons du genre.
Ce qu’on vise, c’est la justesse. L’important c’est que les collaborateurs s’y retrouvent – et l’impact sur l’externe est secondaire.
La beauté de la raison d’être n’est pas dans la flamboyance, l’ostentation. Son charme est à la fois discret et intemporel. La formule courte, simple, apparemment facile, masque élégamment les échanges intenses, le chemin souvent sinueux, ardu par lequel on est passé. Il s’agit de passer au creuset le modèle économique d’une entreprise, son histoire, ses mythes fondateurs pour en extraire la substantifique moelle, la cristalliser dans une formule limpide. C’est dans de subtiles finitions – une tournure, le choix d’un mot plutôt qu’un autre – qu’on perçoit la richesse de l’histoire de l’entreprise, sa profonde singularité.
Une raison d’être réussie, ce n’est pas du Gucci ou du Dolce Gabbana, c’est une formulation avec laquelle on se sent tout de suite bien, qui implicitement a toujours été là, et qui résistera à l’épreuve du temps — du soft luxury. En tant que consultante, accompagnatrice, les travaux d’élaboration de la raison d’être se sont avérés des expériences d’humilité. En six ans de missions, malgré mes tentatives, mes interventions parfois intempestives, la formule qui fait mouche est rarement venue de moi.
J’ai fini par comprendre que mon rôle ne consistait pas à trouver, mais à animer le processus d’accouchement, et surtout à écouter. Sentir le moment où, à force d’essais, un mot prononcé par un participant touche une corde sensible. Mais aussi, dans la phase où on converge, où on s’approche de la formule finale, savoir entendre un participant qui timidement exprime un inconfort, une réserve. Attirer délicatement l’attention du groupe sur une idée, et être prête à remettre l’ouvrage sur le métier.